Cet article est une brève adaptation d’un dossier de recherche
rédigé dans le cadre de mes études en Master DCAIRP (Développement de Capacités
d’Apprentissages, Insertion et Réinsertion Professionnelle) entre 2013 et 2015.
Tout au long de l’article, je me référerai à Maëla Paul
qui a largement travaillé sur le concept
d’accompagnement. Je citerai pour commencer ces quelques mots qui me font écho
et renvoient à une sensibilité qui m’est proche : « La centralité de la relation est dès lors
perceptible par le fait que les attitudes et valeurs idéales à développer sont
avant tout relationnelles (et non techniques) : écoute et empathie,
tolérance et ouverture, respect des différences et suspension du jugement
constituent les signifiants clés des relations que l’on cherche à établir dans
le cadre d’un accompagnement. » (2014)
1) Définir l’accompagnement
Maëla Paul définit l’acte d’accompagner comme l’acte de « se joindre à quelqu’un, pour aller où
il va, en même temps que lui. » (2014, p60). L’accompagnant « doit lui-même s’engager tout en se
situant en retrait, s’impliquer tout en s’effaçant, sans cesse s’adapter,
s’ajuster, changer de registre. » (2014, p114). Par un équilibre entre
liberté et règles, l’accompagnant doit établir un cadre cohérent et propice à
l’épanouissement.
Maëla Paul parle d’individuation
comme visée de l’accompagnement et résultant de la conjugaison de deux
dialectiques qui se croisent : autonomie/dépendance
et réalisation de soi/intégration à la
société. (PAUL, 2014, p143). Toujours présent mais à bonne distance, l’accompagnant
doit ainsi toujours porter un regard positif sur l’accompagné et tenter de le
laisser faire ses choix tout en veillant qu’ils soient cohérents face aux contraintes de notre société.
2) L’accompagnement professionnel circonstanciel et temporaire
J’analyserai dans cette partie l’accompagnement que j’ai eu
l’occasion de pratiquer tout au long de ma vie professionnelle, entant que
responsable qualité dans l’industrie, directrice d’établissement scolaire ou
tutrice d’enseignants.
Je suis aujourd’hui en mesure de faire des liens avec
certaines caractéristiques de l’accompagnement décrites par M. Paul (2014,
p60). L’accompagnement est en général circonstanciel
et temporaire puisqu’il débute afin de « répondre à une situation particulière » et qu’il s’est à
chaque fois terminé. La relation est aussi toujours co-mobilisatrice car elle a pour objectif d’aider des personnes à
évoluer, à progresser.
Boutinet parle de l’accompagnement-maintien qui « […] vise à aider à maintenir dans son parcours de vie une
personne ponctuellement en situation de fragilité pour lui éviter de plus
grandes fragilités. » (2009).
L’enjeu n’est pas toujours à ce niveau, mais il est tout de même assez fréquent
d’accompagner des personnes en souffrance.
La lecture de Fustier me fait tout de même ouvrir les yeux
sur la dérive qui aurait pu s’opérer parfois et qui aurait pu mener à l’échec
de certains accompagnements. Il explique en effet les limites de l’échange par le
don : « Il opère dans un
échange en principe illimité don/contre-don/contre-contre-don/etc., qui
s’effectue à partir d’une triple obligation, celle de donner, de recevoir et de
rendre. » (2012) L’accompagné «[…] sent fortement que c’est à partir de
lui et pour lui que se déploient les actes du professionnel. Pourquoi fait-il
cela ? Parce que je suis aimable (digne d’amour), ce qu’il me fait savoir par
ses dons. Nous sommes ici dans la socialité primaire, dans un échange en
déséquilibre caractéristique de l’échange par le don. » (2008) Je
pense être entrée parfois dans ce processus durant l’accompagnement. Mon
empathie est telle que je ressens une grande émotion à entendre les souffrances
et aussi à observer les progrès. Ces lectures passionnantes m’ont permis de
mettre des mots sur mes intuitions et à en découvrir les écueils à éviter.
Fustier me rassure en écrivant : « Les externalisations de l’usager (l’accompagné), c’est-à-dire ce qu’il dépose dans le
travailleur social (accompagnant)
(une figure maternelle idéalisée par exemple), doivent être tolérées. Accepter d’être
partiellement « reconstitué » par l’imaginaire de l’usager fait partie de la
professionnalité du travailleur social. En revanche, les agir professionnels
doivent rester stables.» (2008)
Ma personnalité fait que je suis remplie d’empathie.
J’estime que la vie est un cadeau et que nous devrions toujours porter un
regard bienveillant sur les personnes. J’ai accompagné de nombreuses personnes
durant les deux décennies de ma vie professionnelle et j’estime ne pas avoir fait
de miracles, mais avoir tout de même mis ma petite pierre à l’édifice. Je me
rends aujourd’hui compte de la puissance de l’accompagnement sur les personnes
en difficultés et veille au quotidien à maintenir le cap dans l’océan
d’incertitudes dans lequel nous évoluons.
3) Conclusion
Que ce soit en tant que directrice, coordinatrice, tutrice,
enseignante ou responsable dans l’industrie, j’ai toujours été motivée par le
désir d’accompagner l’autre. L’écriture de cette recherche m’a permis de mettre
des mots sur ce qui m’était familier. Je pense aujourd’hui être mieux armée
pour aborder efficacement et harmonieusement l’accompagnement d’élèves, de
parents, de jeunes étudiants ou de professeurs.
Je retiens cette citation comme une synthèse de ce que je
voudrais faire vivre aux personnes que j’accompagnerai dans le futur : « C’est de la capacité pour
l’accompagnant de jouer sur ces différents registres (conduire, guider,
escorter), selon les personnes, selon les circonstances, que dépend la
possibilité pour l’accompagné de se trouver lui aussi dans une attitude
d’ouverture réflexive et critique parce qu’il se trouve effectivement à devoir
penser, réfléchir, délibérer, à partir de ce qui surgit dans l’interaction, ce
qui pour lui est signifiant. » (Paul, 2014, p309)
Je terminerai en parlant de l’espérance éthique (p312) qui me semble devoir nous habiter dans le
cadre de tout accompagnement. Il s’agit là de porter un regard positif sur la
personne et de croire en ses capacités à progresser. Sans cette croyance
sincère, l’accompagnement ne peut être qu’artificiel et technique et par
conséquent de moindre efficacité pour la personne en demande.
J'ajoute enfin les apports de mes dernières lecture sur l'optimisme et son impact sur la réussite et le développement personnel que vous pourrez trouver dans cette page.
Ressources :
-Paul, M., (2014), L’accompagnement : Une posture
professionnelle spécifique, Condé-sur-Noireau : L’harmattan.
-Jean-Pierre
Boutinet, Raymond Bourdoncle et Annette Gonnin-Bolo, « Entretien », Recherche
et formation [En ligne], 62 | 2009, mis en ligne le 01 septembre 2013, consulté
le 09 juillet 2014.
-Fustier Paul, « Le
lien d'accompagnement : un métissage entre échange par le don et échange
contractualisé », Informations sociales 1/2012 (n° 169), p. 91-98
-Fustier Paul, « La
relation d'aide et la question du don », Nouvelle revue de psychosociologie 2/2008
(n° 6), p. 27-39
URL : www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2008-2-page-27.htm.
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