Coopération et travail de groupe

Pourquoi coopérer à l'école?


Nous savons aujourd'hui que l'apprentissage est favorisé par la coopération et les échanges entre pairs. Les nouvelles connaissances sur le cerveau l'attestent, l'élève comme l'adulte comprennent d'autant plus qu'ils verbalisent leurs découvertes, qu'ils les expriment et les partagent.

Edgar Dale, dès 1969 publiait les résultats d'une étude et la synthétisait par le biais d'une pyramide des apprentissages:
Image associée

 En voici une version française:
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Source: www.angie.fr

 Mettez-vous simplement dans la situation de visionner le mode opératoire pour réaliser un oiseau en origami. La difficulté sera grande si vous êtes seul(e) face à votre vidéo et que vous ne pouvez pas le réaliser en même temps. Vous serez plus à-même de la produire si vous pouvez manipuler, tester, verbaliser ce que vous faites, échanger avec un pair. Il en sera de même pour une grande majorité de vos élèves.


Un autre argument, s'il est nécessaire d'en avancer davantage, est le fait que cette compétence à coopérer et à travailler en groupe s'apprend et constitue l'une des compétences clés nécessaires aux futurs actifs que l'école se charge d'accompagner. Plus tôt l'élève sera mis en situation de coopérer, plus il en fera un mode d'apprentissage et de fonctionnement.


Comment concevoir des activités de coopération réussies?

Fondez le climat de classe

Avant tout, il s'agit de mettre en œuvre au sein de la classe, un climat serein et propice à la coopération. Je vous propose, pour en savoir plus, de lire ou relire l'article sur ce sujet dont voici le lien.

Nous avons tous en tête une situation de travail de groupe décevante, durant laquelle tous les élèves n'ont pas joué le jeu et il vous a semblé que le travail n'était pas efficace. Peut-être n'aviez vous pas fondé le climat de classe approprié. Ceci nécessite du temps! Ne chercher pas à mettre vos élèves dès la rentrée dans une situation de tâche complexe à réaliser à quatre si vous sentez que la classe n'en est pas en mesure. Donnez vous du temps et allez-y progressivement en commençant par exemple par des activités simples et courtes en binômes.

Si vous avez des élèves aux comportements difficiles, voici 5 astuces pour accueillir les émotions des élèves et mieux les gérer.

 

Mettez vos élèves en situation d'éprouver les bienfaits d'un travail collaboratif

Je vous propose par exemple de débuter l'année scolaire par un questionnement personnel sur les représentations des élèves sur l'année scolaire qu'ils vont vivre.
ex: Le CM2, pour vous c'est ...
Demandez-leur de trouver cinq mots.
Laisser les chercher seuls...Au bout de quelques minutes de stress et de flottement dans la classe, faire constater la difficulté de l'activité.
Proposer ensuite de faire cette recherche à quatre en mettant tout d'abord toutes les idées en commun puis en se mettant d'accord sur les cinq mots qui font consensus.
Faire alors constater aux élèves que les réponses à quatre sont bien plus faciles à trouver, que l'on a pu se détendre en travaillant et que l'on a produit un meilleur travail!
C'est gagné, vous avez montré l'intérêt de la coopération aux plus réfractaires!

Pour finir, réaliser une mise en commun et valoriser la production collective réalisée à partir de toutes les idées de la classe.

Voici le résultat de cette activité réalisée en septembre 2016 avec mes élèves. La qualité visuelle et orthographique n'est pas optimale, mais le fond est précieux!



Pensez à l'interdépendance!

L'un de mes articles relatifs au travail en équipe d'adultes est consacré à l'interdépendance. Ce principe s'applique pour toute situation de coopération.

L'idée est de faire en sorte que l'activité proposée ne puisse pas être réalisée individuellement. Ceci permet d'éviter le constat trop souvent observé qu'un ou plusieurs élèves n'ont pas pris part à une activité ou, à l'inverse, que certains ont tout fait!

Il est plus simple, dans un premier temps, de concevoir des situations de coopération (partage des tâches) et non de collaboration (une seule tâche à faire en groupe). Chaque élève se voit confier une tâche qu'il devra réaliser avant de la confronter aux élèves de son groupe pour une production finale.

Un exemple de structure de coopération classique et efficace qui met en œuvre l'interdépendance: "Les experts", également intitulée "Les ambassadeurs". Quatre sujets sont à découvrir. Chaque élève du groupe va travailler un sujet. Pour cela, il retrouve un ou plusieurs élèves chargés de ce même sujet pour s'en imprégner et le comprendre. Il revient ensuite, seul expert du sujet, dans son groupe de départ pour terminer l'activité et réaliser une production finale.

Si vous souhaitez aller plus loin, je vous conseille ces références:
-Un ouvrage très concret : "La pédagogie coopérative: reflets de pratiques et approfondissements" de Jim Howden et Yviane Rouiller aux éditions Chenelière
La pédagogie coopérative : Reflets de pratiques et approfondissements 












Comment concevoir les groupes?

Question simple mais réponse plus complexe.
Plusieurs stratégies existent et le choix de l'une plutôt que l'autre dépend de l'activité proposée et de ses objectifs pédagogiques.

-Au hasard (par un tirage au sort de cartes par exemple): Cette stratégie est tout à fait adaptée si vous souhaitez proposer une activité de création et d'échange d'idées. Ainsi, les groupes formés au hasard seront hétérogènes et les élèves accepteront mieux ces groupes formés par le sort.

-Groupes homogènes / de besoins élaborés par l'enseignant: Le choix de ce type de groupes est à privilégier dans le cas d'activités d'entraînement nécessitant votre étayage pour certains groupes. Il permet de "se délester" des groupes les plus autonomes et de se consacrer à ceux qui en ont besoin.

-Groupes d'affinités: Vous laissez ici les élèves choisir les camarades avec lesquels ils vont devoir travailler. Ce type de groupes peut être proposé parfois car il stimule la motivation des élèves qui ont plaisir à se retrouver entre camarades. Il peut aussi occasionner plus de bruit et moins de concentration, voire un manque de travail chez certains. Le tout est alors de savoir que vous aurez à déployer plus d'énergie pour accompagner certains groupes. Mais les productions finales de ce type de groupes est en général de meilleure qualité.

A l'échelle d'une année scolaire, il est important de varier les modalités de groupes afin d'éviter la monotonie, de stimuler la curiosité des élèves, de vous adapter aux besoins des situations d'apprentissages et d'apprendre aux élèves à travailler avec des personnes différentes.



Cartes de rôles ou pas?

Les rôles ne sont pas indispensables au bon fonctionnement d'une activité coopérative, car ils ne doivent pas constituer l'essentiel de la responsabilité d'un élève. Le gardien du temps ne doit pas faire que "garder le temps"! Or c'est trop souvent ce que nous observons. 

Attribuer des rôles contribue toutefois à la bonne organisation des groupes et reste tout de même nécessaire à l'apprentissage du travail coopératif. Il pourra être mis en œuvre en début d'année scolaire puis abandonné en cours d'année.


Voici pour exemples, ces cartes originales et esthétiques. Peut-être peuvent-elle vous inspirer...

 Source: Twitter @masterlazz






 Source: http://flipmusiclab.fr/les-ilots-permutes/






Sources:

-"La pédagogie coopérative: reflets de pratiques et approfondissements" de Jim Howden et Yviane Rouiller aux éditions Chenelière
-"Apprendre avec les pédagogies coopératives" de Sylvain Connac aux éditions ESF éditeur




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