samedi 11 novembre 2017

5 astuces pour accueillir les émotions de nos élèves

Comme nous l'avons vu dans d'autres articles de ce blog, de nombreux facteurs entrent en compte dans la problématique de la gestion de notre classe: les sept leviers du climat de classe, la posture d'écoute et la bienveillance, la coopération et le travail de groupe,...

La gestion de classe est une problématique systémique, c'est à dire qu'elle met en jeu de nombreux paramètres interdépendants sur lesquels l'enseignant peut agir de manière très personnelle et propre à son contexte de classe. Cet article aborde donc la question épineuse de la gestion des élèves perturbateurs, de leurs émotions et de leurs comportements difficiles...il aborde le "OUI, toutes ces pistes sont formidables MAIS avec mon élève X ou mes élèves X, Y et Z...rien de fonctionne. Ils désorganisent nos situations d'apprentissages. Ils démotivent la classe en transmettant des idées négatives au groupe, ils me prennent toute mon énergie au point que je ne peux plus me consacrer sereinement au reste du groupe..."

Voici donc quelques astuces pour en finir avec de simples constats négatifs et tenter quelques améliorations significatives:

1-L'accueil des émotions de l'ensemble de la classe

Les nouvelles connaissances en neurosciences nous apprennent qu'il est fondamental de développer les compétences communicationnelles et l'intelligence émotionnelle des élèves.
Le psychologue Daniel Goleman définit l'intelligence émotionnelle comme la capacité à identifier et à gérer nos propres émotions et celles des autres. Il fait référence à de nombreuses recherches menées pour évaluer l'impact d'une IE développée, sur la réussite scolaire et professionnelle. Tous les résultats tendent vers une corrélation entre les deux éléments. Les enfants capables de gérer leurs émotions seront les adultes les mieux armés pour affronter les difficultés de la vie et réussir dans le monde du travail.

L'un des moyens simples de développer cette intelligence émotionnelle en classe est de mettre en œuvre des rituels d'accueil des émotions des élèves. Voici par exemple ce que j'ai mis en place dans ma classe:
Source: Bougribouillon.fr
Placées sur la porte de ma classe, ces jolies images sont à la disposition des élèves qui peuvent placer leur étiquette de prénom sur l'émotion ou l'état qui leur correspond le mieux au moment où ils entrent dans la classe. Ce dispositif a plusieurs avantages. Tout d'abord, il permet de réguler le flot des élèves qui entrent en classe car chacun prend le temps de positionner son étiquette avant d'entrer. Il permet à chacun de savoir en un regard comment va son camarade de classe, ce qui contribue à développer l'empathie chez des élèves trop souvent centrés sur eux-mêmes. Ils découvrent que d'autres camarades peuvent ne pas aller bien...C'est aussi pour nous un très bon outil d'évaluation de l'humeur du groupe en général mais il me permet surtout de savoir en un clin d’œil si un élève ne va pas bien. Je peux ainsi lui porter une attention particulière sans pour autant en parler collectivement devant la classe. J'ai pu sentir les effets bénéfiques de ce dispositif chez certains élèves. Une étiquette positionnée sur l'image "en colère" me permet d'échanger un regard bienveillant avec cet élève et de l'apaiser. Si je sens qu'il est toujours tendu, je prends un temps avec lui dès que possible mais sans l'exposer aux regards des autres.

Malgré ce dispositif, certains élèves perturbateurs ne parviennent pas à gérer leurs colères de manière autonome. Pour eux, j'ai mis en place en "Coin Calme"...

2-Le coin calme et le besoin de s'isoler

Certains élèves souffrent parfois de vivre au sein d'un groupe tout au long de la journée. Ce milieu social dynamique peut alors leur apparaître bruyant, fatiguant, stressant et agressif. En colère ou non, ils ont besoin de s'isoler et de trouver du réconfort. Le "Coin Calme" est conçu pour eux!

Un autre élément remarquable de ce coin si particulier est que l'élève doit y trouver des solutions pour se calmer tout seul et ainsi mieux s'armer pour gérer ses émotions dans différentes situations de sa vie d'enfant et de jeune adolescent.

J'ai pris beaucoup de plaisir à organiser dans ma classe cet espace de bien-être.

Voici ce que l'on y trouve pour le réconfort:

-Des coussins moelleux
-Des peluches
-Des balles anti-stress
-Un lecteur de CD + le magnifique CD de méditation "Mindfulness, La pleine conscience pour les enfants"
-Des images de nature
-Des livres

Voici ce que l'on y trouve pour gérer soi-même ses émotions:

-Un affichage du degré de colère
L'élève doit l'utiliser en arrivant au coin calme. S'il y entre "furieux", il devra attendre de descendre dans le vert "Très bien, je peux repartir travailler" et faire lui-même le geste de placer le curseur sur le vert, avant de sortir du coin.
-Une carte de solutions pour calmer une colère.










-Une palette de 12 solutions pour aller mieux.
L'élèves peut en choisir une. Alors il peut accrocher son choix sur la carte "Ce qui pourrait m'aider c'est..."










-Une carte pour réaliser cinq grandes respirations:
A chaque respiration, l'élève place une étiquette. Au bout de ses cinq respirations, il aura placé les cinq étiquettes. Cet outil aide l'élève à prendre le temps de réaliser sereinement l'exercice. Il prendra aussi conscience de ses bienfaits.


Pour réaliser ces supports visuels, je me suis largement inspirée d'un site anglophone très intéressant. Le voici!
Vous pouvez télécharger mes petites réalisations ici!







-Des Mandalas, du papier, des crayons de couleur et des feutres
Colorier des Mandalas permet à certains élèves d'éprouver du bien-être. Cette activité est propice à la concentration et à l'apaisement. D'autres enfants apprécieront de dessiner plus librement.

-Des bons de colère
 Pour ces bons, j'ai utilisé les jolies supports de 365-jeu-enfamille.com en modifiant un peu la consigne. Sur le bon original, il était écrit "jette le le plus loin possible". En classe, vous conviendrez que cela ne serait pas très approprié!






-Une boîte à colère
Dans cette boîte, les élèves peuvent jeter un bon de colère ou un dessin de leur colère ou juste un papier qu'ils auront froissé.
Pour la réaliser, faites confiance à votre créativité!

Voici ma petite réalisation:


-Une bouteille de relaxation
Le tutoriel pour sa réalisation est très simple. Prendre une jolie bouteille en plastique. La remplir d'eau aux 2/3. Ajouter des paillettes (ou d'autres petits objets colorés et légers) et du colorant. Finir de la remplir avec de l'huile. Bien fermer le bouchon avec de la colle. Et voilà!









-Quelques affichages issus de l'excellent livre "les cahiers Filliozat: Colère et retour au calme"

 



3-Les indicateurs visuels pour gérer l'attention

JP Lachaux, dans son ouvrage "Les petites bulles de l'attention" identifie quelques pistes à partager avec les élèves dans le but de les aider à mieux gérer leur attention en classe. Parmi ces pistes, la métaphore de la poutre est facile à expliquer aux élèves. Lorsque le temps de classe nécessite une très grande attention des élèves (moment de rebrassage, de mémorisation, d'explication de consignes...) expliquez aux élèves qu'ils doivent s'imaginer sur une poutre très étroite. Ils doivent rester très concentrés pour ne pas tomber. A l'inverse, lorsque les temps de classe sont plus détendus (durant un moment de création artistique, de lecture personnelle...), expliquez à vos élèves qu'ils sont maintenant sur une poutre assez large. Ils ont moins besoin de soutenir une attention forte sur la tâche. Grâce à cette métaphore, nous pouvons accompagner certains élèves dont la capacité d'attention est limitée, à identifier les moments les plus importants (poutre étroite) et les moments où ils peuvent se détendre.
Afin de faciliter le travail des élèves, vous pouvez indiquer ces moments au tableau en dessinant une poutre étroite ou large.

Certains élèves ont aussi besoin de repères dans le temps. Combien de temps dois-je encore travailler avant la récréation? avant le départ? avant une autre activité? Pour cela, il existe les étiquettes qui nous permettent d'identifier les activités prévues tout au long de la journée. C'est un minimum; toutefois je ne trouve pas que ce dispositif soit très efficace pour certains élèves. L'affichage n'est pas assez précis. J'utilise alors un minuteur que je place à un endroit du tableau spécialement dédié à certains élèves (les élèves le savent!). J'y précise également le travail qui reste à faire et les étapes qui nous amènent à la fin de la journée. Cela me demande un peu de rigueur, mais permet également, et surtout, d'apaiser parfois certaines tensions dues à l'incertitude.


4-Coopération et élèves perturbateurs

Nous sommes parfois déçus de constater que quelques élèves perturbent une séance coopérative qui nous tenait pourtant à cœur et que nous avions conçue avec passion. Ils ne se montrent pas du tout autonomes, ne se mettent pas au travail, jouent et empêchent les autres de travailler. Ces expériences ont parfois tendance à nous épuiser et à nous amener à renoncer à toute forme de collaboration.

Pourtant, nous savons aujourd'hui qu'un élève apprend s'il peut construire lui-même ses apprentissages grâce à des interactions entre pairs susceptibles de créer les conflits cognitifs.

Comment donc faire vivre sereinement la coopération en classe?
Si vous ne l'avez pas encore fait, lisez tout d'abord l'article sur le climat de classe. Il vous éclaire sur le caractère fondamental d'instaurer un climat de classe serein afin de développer chez les élèves des compétences relationnelles telles que l'empathie, l'entraide et la bienveillance. Sans cette première étape, les bases de la pédagogie coopérative ne seront pas posées et toute tentative d'activité de groupes sera vouée à un relatif échec.

Lisez également l'article sur la coopération et le travail de groupes. Il vous donnera quelques points d'appui d'une situation d'apprentissage coopératif réussie.

Ceci fait, vous aurez peut-être toujours à gérer quelques élèves à besoins particuliers dont le comportement perturbe le déroulement de la classe. Dans ce cas, ne renoncez surtout pas à la coopération pour le reste de votre classe! Prenez le parti de proposer à ces élèves de réaliser l'activité seuls. Vous constaterez peut-être qu'ils vous en seront reconnaissants et vous présenteront un plutôt bon, voire excellent travail individuel. Ne voyez pas cela comme un échec. Dites-vous que vous vous devez d'adapter vos activités aux besoins de chacun et que l'élève ainsi mis à l'écart aura tout de même comme objectif de parvenir à rejoindre le groupe dès qu'il le pourra.

5-Auto-évaluation de comportement et sous-mains des émotions

 Le contrat de comportement dans lequel l'élève s'engage à améliorer son attitude en classe est un excellent outil de gestion de certains comportements difficiles. Cependant, il est parfois compliqué pour un élève de supporter un tel suivi durant plusieurs mois. Il finit pas oublier son contrat et retrouver ses travers. Il faut alors innover et trouver de nouvelles méthodes. 

Je vous propose un partage de deux outils testés et appréciés par des collègues passionnées.

Source: "Troubles de l'attention, concrètement que faire?" de chez Tom Pouce
Le premier est un système de curseur à utiliser afin d'aider un élève à prendre conscience de sa réelle attitude. L'élève évalue lui-même son niveau d'agitation, de concentration et/ou de stress. A l'adulte ensuite (enseignant ou AVS) d'évaluer et d'échanger avec l'élève sur la cohérence ou non entre les deux évaluations.


De la même source, il existe également les cartes de rappel que l'enseignant peut, sans interrompre la classe, poser sur la table de l'élève perturbateur pour lui signifier un comportement problématique.

Merci Nolwenn pour ce partage!







Le second outil est un sous-main des émotions. Vous pouvez le télécharger ici.
Je propose ce sous-main aux élèves qui en ont besoin. Il est placé dans une pochette plastifiée pour qu'ils puissent le réutiliser. Ils écrivent leurs impressions au crayon pour tableau blanc.


Voici donc mes cinq astuces pour améliorer la gestion du groupe lorsque nous avons un ou plusieurs élèves perturbateurs. N'hésitez pas à les expérimenter!




Sources:
Daniel Goleman: "L'intelligence émotionnelle"
Isabelle Filliozat, Virginie Limousin, Eric Veillé: "Les cahiers Filliozat Colère et retour au calme" Editions Nathan 
JP Lachaux: "Les petites bulles de l'attention: Se concentrer dans un monde de distractions" Editions Odile Jacob 





samedi 4 novembre 2017

Au secours, ma classe est "bavarde"!

Les élèves entrent dans la classe et chuchotent... Le temps d'une vérification du logiciel de cantine et ces charmants bambins sont déjà tous à s'installer bruyamment. Certains s'assoient, d'autres attendent un signal, d'autres commencent à chahuter gaiement... Dans les couloirs ou en sortie, ils ne savent pas parler normalement, ils crient pour communiquer entre eux... Cette classe bavarde aura-t-elle raison de ma patience?

Nous avons tous et toutes eu au-moins une fois dans notre carrière ce genre de classes qui nous semble plus bruyant et plus agité que les autres, qui ne semble pas disposé à rester calme quoi que nous fassions...pas même lorsque vous bougez les étiquettes-prénoms dans la "zone rouge"... pas même lorsque la directrice ou le directeur entre dans la classe...pas même lorsque vous décidez de respecter vos principes du "zéro tolérance"! ILS N'ARRÊTENT JAMAIS DE PARLER...JAMAIS!

Cette situation n'est pas seulement fatigante nerveusement et physiquement mais elle rend tout apprentissage serein presque impossible. Quel temps perdu à attendre le silence, recadrer les plus bavards, répéter, bref gendarmer au lieu d'enseigner et de faire apprendre?

Nous pensons parfois avoir déjà tout essayé: Punir les perturbateurs, valoriser les élèves calmes et attentifs, attendre le silence avant de parler, utiliser une échelle de comportement, crier (ce qui n'est pas le plus efficace pour apaiser...)... mais cela ne fonctionne toujours pas. Les élèves ne se sentent pas concernés par la gestion du climat serein et préfèrent s'amuser. 

La question du bavardage en classe est directement liée à celle du climat de classe. L'important est donc d'être bien conscient que ces objets sont d'ordre systémique. Il n'existe pas de recette miracle mais les recherches nous permettent d'identifier différents axes sur lesquels nous pouvons agir. L'approche systémique du climat de classe doit être vue telle une boîte à outils que chaque enseignant peut utiliser en cohérence avec son propre contexte mais aussi sa propre sensibilité. Nous vous encourageons donc à vous questionner sur les facteurs d'amélioration du climat de classe décrits par Rosée Morissette. Lesquels actionnez-vous déjà? Lesquels pouvez-vous investir davantage?

Ce nouvel article, à prendre en compte dans le cadre d'une problématique plus globale de climat de classe, vous apporte quelques "nouvelles" pistes à explorer et se focalise sur le bavardage...

1: Identifiez les temps où l'on peut parler de ceux où l'on ne peut pas

De nombreux élèves ont besoin de repères visuels. Identifiez clairement, pour chaque activité, si les élèves ont le droit de travailler en groupe en parlant calmement, de chuchoter ou de faire silence. Il existe pour cela de nombreux supports tels que ceux-ci.
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Source: Lutin Bazar

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Source: Laclocheasonne
J'utilise pour ma part depuis peu l'excellent site internet de gestion de classe classroomscreen qui me permet d'afficher les consignes au vidéoprojecteur: travailler en groupe et parler calmement, chuchoter en binômes ou faire silence. Classroomscreen est un formidable outil  car il comporte également un audiomètre, des feux tricolores, une fonction "tirage au sort", un minuteur, un éditeur de textes, de dessins et d'autres applications très utiles au quotidien.
Si votre classe est équipée d'un vidéoprojecteur et d'internet, essayez... vous ne pourrez plus vous en passer!

Il est également souhaitable, afin d'ancrer très clairement les choses, de lister avec vos élèves les activités durant lesquelles ils ont le droit de parler, celles durant lesquelles ils ont le droit de chuchoter et celles durant lesquelles ils doivent faire silence. Une affiche ainsi réalisée par la classe vous permettra de soutenir cet apprentissage tout au long de l'année.

Un dernier conseil enfin: identifiez le niveau sonore attendu avant chaque nouvelle activité afin d'expliciter clairement vos attentes à tous les élèves.

2: Utilisez un indicateur de niveau sonore

Là encore, il en existe de nombreux sur internet. En voici de bien jolis...
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Merci encore à Lutin Bazar

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Source: Mon Ecole


Si vous avez la chance d'avoir un vidéoprojecteur, en voici un que j'apprécie particulièrement: Too noisy on line.
Vous pouvez également utiliser celui de Classroomscreen, mais il est malheureusement beaucoup moins visuel.
Dans un style beaucoup plus ludique, disons même un peu trop ludique, je partage aussi Bouncy Balls. J'avoue ne pas avoir osé utiliser cette application car je crains que les élèves ne cherchent à faire bouger les petites balles plutôt qu'à les immobiliser... N'hésitez-pas à me laisser vos commentaires si vous vous lancez dans quelques tests!

3: Utilisez des "capteurs d'attention":

Ne jamais commencer une séance avant d'obtenir le silence complet. Voici un principe que nous connaissons tous! Mais comment s'assurer que nous pouvons obtenir RAPIDEMENT silence et attention de tous? Comment ne pas perdre de nombreuses minutes précieuses à attendre coûte que coûte ce silence salvateur? Les "capteurs d'attention" pourront peut-être vous y aider. Il s'agit de petits rituels de rassemblement qui attireront l'attention de vos élèves sur le fait qu'il faut urgemment se mettre en situation d'écoute.
Il en existe de nombreux:
-Des petites phrases bien choisies et entraînantes: "Les yeux et les oreilles sur moi dans 3, 2, 1!",
-Des expressions d'échanges telles que lorsque vous dites "Classe", la classe doit répondre "OUI" et se taire. Si vous dites "Classe-classe" les élèves doivent répondre "OUI OUI" et ainsi de suite.
Règles du regroupement des oursons
Source: http://maitresse-myriam.eklablog.com
Il en existe beaucoup d'autres, vous pouvez même les inventer et demander aux élèves de les inventer! ("Banane et chocolat"..."tout le monde aux abois"; "Hocus Pocus"..."tout le monde focus"; "Pourquoi sommes-nous là?"..."pour apprendre")
-Des consignes courtes telles que lorsque vous dites "Donnez-moi vos mains!" les élèves doivent lever une main en l'air avec les doigts bien écartés pour montrer qu'il vont respecter les cinq consignes des cinq doigts de la main (1: les yeux vers la maîtresse, 2: la bouche fermée, 3: les mains relâchées, 4: se tenir droit, 5: écouter).

Pour parvenir à rendre cet outil efficace, il vous faudra entraîner votre classe et surtout respecter rigoureusement la contrainte d'attendre que l'ensemble des élèves soit silencieux et attentif. Entraînez-les à répondre ou à réagir le plus vite possible dans toutes les situations d'apprentissages, qu'il s'agisse d'activités individuelles ou de travaux de groupes. Faites constater les progrès et l’intérêt pour le climat de la classe.

Dites-vous qu'un élève qui parle à son voisin ne pourra pas comprendre les consignes que vous être en train de donner, qu'il perd son temps. Il est donc primordial de vous assurer de l'attention de tous avant toute intervention. Jean-Philippe Lachaux, dans son ouvrage "les petites bulles de l'attention" nous apporte quelques pistes concrètes pour travailler l'attention avec nos élèves. N'hésitez pas à aller consulter l'article.

  3: Intégrez des temps de parole et d'échanges durant la journée de classe

Les élèves ont besoin de parler et d'échanger pour apprendre. Les nouvelles connaissances en neurosciences l'attestent aujourd'hui. La coopération entre élèves ne peut plus être considérée comme un "petit plus" à proposer aux élèves s'ils se comportent bien. Donnez-leur quelques moments d'échanges bien cadrés et productifs, ils en ont besoin pour acquérir les compétences les plus complexes, transférer des apprentissages, résoudre des tâches complexes, créer, réaliser des productions de qualité, comprendre le monde, s'interroger, vivre le conflit cognitif qui leur permettra d'apprendre...

Pour en savoir plus, je vous invite à poursuivre votre lecture sur la page "coopération et travaux de groupes".

Au-delà de la coopération entre élèves, vous pouvez également proposer à vos élèves des rituels durant lesquels ils auront la possibilité d'échanger.

Par exemple, lorsque vous posez une question à la classe, donnez un temps de réflexion individuel puis proposez trois minutes d'échanges en binômes. Pour un retour rapide au silence, utilisez vos "capteurs d'attention" ou comptez à rebours. 

Un autre exemple consiste à donner des temps de coévaluation durant lesquels les élèves échangent sur la qualité de leur travail et réfléchissent à une évaluation la plus juste possible. Ces temps de réflexion et de métacognition sont fondamentaux dans la construction de leurs apprentissages!

  4: Restez clair(e) et constant(e)!

De tous ces beaux conseils, voici peut-être le plus important et parfois le plus difficile à suivre. Dans le cadre de ses recherches sur le climat de classe, Rosée Morissette aborde l'axe de la "sécurité affective" comme facteur d'amélioration du climat de classe. Les élèves respecteront d'autant mieux des consignes de classe que celles-ci seront constantes et toujours suivies. Le cadre donné doit être sécurisant pour les élèves. Imaginez-vous arriver en classe un matin, très motivé(e) et décidé(e) à ne rien lâcher pour que le calme règne dans votre classe. Effectivement, vous tenez bon, vous utilisez les "capteurs d'attention" et les indicateurs de niveau sonore, vous réagissez rapidement en cas de non respect...Bref, tout se passe comme vous le souhaitez! Pourtant, le lendemain, vous n'arrivez pas à l'école dans la même forme et ne parvenez pas à suivre les mêmes règles que la veille. Vous laisser quelques écarts se produire, les élèves bavardent plus longtemps. Ils sentent que vous êtes moins rigoureux(se) que la veille.

Tout ceci est affaire de dosage et de respect de soi-même. Vous savez que vous devez rester constant(e) mais aussi qu'il vous faut maintenir le même niveau d'exigences tout au long de la semaine et de l'année. Prenez donc les mesures qui vous conviennent le plus sincèrement possible. N'allez pas trop loin dans une rigueur qui ne vous convient pas. Sentez les choses et adaptez les règles à vos élèves ET à vous-même. Ainsi vos chances d'offrir à vos élèves la "sécurité affective" indispensable à leurs apprentissages sera plus grande.

Pour terminer: Le calme se communique! Rester calme permettra d'éviter l'escalade sonore.  Ceci est l'affaire de nos fameux "neurones miroirs" qui nous permettent d'agir à la manière de notre interlocuteur. Si vous êtes calme, la classe se mettra plus facilement à votre diapason. Si vous êtes énervé(e), la classe fera de même!


Sources:
-Rosée Morissette "accompagner la construction des savoirs" Editions Chenelière
-Nathalie Francols, 2017, "Prof et élèves, se faire confiance: situations quotidiennes à comprendre et à dénouer", Editions Chronique sociale