jeudi 1 décembre 2016

Les enjeux du nouveau cycle 3




1.  Un objet historiquement ancré dans les préoccupations institutionnelles.


En France, il a été établi en 1959 que la scolarité serait obligatoire jusqu’à 16 ans. Ensuite, l’instauration du collège unique en 1975, réunissant tous les élèves au sein des mêmes structures et d’une filière unique, a imposé une nécessité de continuité entre l’école et le collège. Dans un souci de cohérence éducative, il allait falloir créer le moyen d’harmoniser les parcours et le limiter les ruptures.

Caractérisation de la nature de la coopération entre les deux degrés :
Dès 1975, les textes officiels privilégiaient la rencontre les enseignants de CM2 et de 6ème dans un objectif d’harmoniser les évaluations de CM2 en vue du passage en 6ème et/ou d’un travail commun sur les textes officiels.
L’accueil des CM2 en 6ème apparaît en 1982 et est généralisé en 1983. « Les mesures préconisées sont celles qui ont été le plus efficacement mises en œuvre (Journée passée au collège par les élèves de CM2, accueil spécifique au moment de la rentrée) » (CHRIST 2000, p88)
« Les expressions suivantes – « relations plus étroites » (1984), « bonnes relations » (1986), « développement des liaisons » (1987), « la liaison doit être renforcée » (1988, 1998), « renforcement » (1996), « amélioration de la liaison » (1998)- montrent implicitement l’inefficacité des mesures proposées. » (CHRIST 2000, p88)

Les textes officiels  prônent trois approches : l’harmonisation des programmes, l’accueil des nouveaux 6ème et travail en commun des enseignants.

L’harmonisation des programmes s’est concrétisée par la mise en place du Socle Commun de connaissance et de compétences. Il s’agit s’assurer un niveau minimal de connaissances et de compétences des élèves arrivant au collège.

Socle Commun, disposition majeurede la loi d’Orientation et de programme pour l’avenir de l’école du 23 avril2005. Cette loi oblige les professeurs des deux degrés à communiquer au sujet de leurs élèves, à travailler ensemble.

Loi d’orientation et de programmation pourla refondation de l’Ecole de la République, publiée au JO du mardi 9 juillet2013, pour une école « juste, exigeante et inclusive » pour élever le niveau de tous les élèves et réduire les inégalités. Dans cette loi on parle d’un « renforcement des liens avec le collège ».

BO n°32 du 5 septembre 2013 : actuel cadre de référence
Art. D. 311-10. La scolarité de l’école maternelle à la fin du collège : 4 cycles pédagogiques successifs. Le cycle 3, cycle de consolidation (CM1, CM2, 6ème) Le cycle 4, cycle des approfondissement (5ème, 4ème, 3ème )

La démarche de liaison préconisée dans ce nouveau cadre prévoit un certains nombres de dispositifs :
-          La Commissions de liaison : circulaire du 1 septembre 2011 sur la « scolarité du socle commun ». Les objectifs définis sont de « garantir la continuité du parcours scolaire, définir les modalités des aides qui pourront être apportées aux élèves entre leur sortie de l’école primaire et la fin de la classe de 6ème. Suivre leur mise en œuvre et en évaluer les effets. ». Il s’agit donc bien d’aller jusqu’au bout de l’aide apportée.
Objectifs :
-Améliorer la continuité pédagogique et éducative entre école et collège
-Etablir une programmation d’actions et un bilan des réunions au moins 2 fois par an.
-Créer des commissions école-collège.
Soumis à l’accord du conseil d’administration du collège et du conseil d’école des écoles concernées.
Veiller à ce qu’il y ait autant de membres de l’école que du collège.


« [ …]permettre à tous les professeurs d’avoir une vision globale des apprentissages, en favorisant la cohérence, la convergence et la continuité des enseignements. »
« Accompagner les élèves lors du passage d’un maître polyvalent à l’école primaire à une pluralité d’enseignants spécialistes de leur discipline. »

2.          Raisons, justifications

La liaison école-collège est essentielle pour la scolarité de l’élève, notamment pour les élèves en difficultés. C’est un moment charnière.

2.1.     C’est un besoin ressenti

« […] différentes remarques reviennent constamment et semblent être des fatalités :
- Certains élèves changent complètement scolairement lors de leur passage en 6ème
- Le comportement de certains élèves évolue négativement entre le mois de juin du CM2 et le mois de septembre de la 6ème
- Des notions étudiées en CM2 semblent tout à fait nouvelles aux élèves lorsqu’elles sont reprises en 6ème
- Les enseignants de l’élémentaire craignent de mal préparer leurs élèves à l’entrée en 6ème
- Les enseignants de 6ème disent manquer d’éléments pour prendre en charge les élèves de 6ème à leur arrivée
- Une « hiérarchie » est ressentie par certains enseignants entre le primaire et le secondaire
 - La réunion d’harmonisation CM2/6ème ne permet pas un réel échange
- Des demandes réelles des enseignants du secondaire afin de savoir comment s’organisent le travail et les savoir-faire des élèves de CM2 mais aussi des enseignants du premier degré afin d’obtenir un appui théorique et pratique de leurs collègue du second degré. » (TARBY, 2013)

2.2. Garantir un parcours cohérent et une continuité des enseignements. L’école et le collège pour tous et la réussite de chacun.

L’enjeu est de permettre aux élèves de faire évoluer leurs méthodes de travail de manière harmonieuse afin de mieux les accompagner dans ce déséquilibre cognitif créé par leur passage de l’école au collège.
Le problème est donc bien de mettre en œuvre ce dont chaque élève a besoin pour son développement.
Rassurer les élèves, les aider à se projeter dans leur année de 6ème.
Permettre un meilleur suivi des élèves en difficultés en début de 6ème.
Permettre aux élèves de découvrir la pédagogie du collège (attentes, fonctionnement des professeurs, devoirs à la maison…)
Permettre aux élèves de découvrir l’organisation du collège et ses locaux (EDT, règles de vie, self…)


2.3.     La liaison est faite pour mieux les accompagner et limiter la rupture.

Le socle commun : De cet objectif d’harmonisation nait la réalité des élèves en difficultés qui ne parviennent pas à ce niveau de maitrise.

Quelle rupture ?
Continuité de la journée d’école et fractionnement du collège.
Un enseignant unique à l’école et une multiplicité des professeurs du collège
Une journée adaptée au rythme de l’enfant à l’école (avec reprise des notions tout au long de la journée) et une juxtaposition des matières dans un cadre horaire très marqué.
Un rythme plus soutenu au collège.
On demande d’écrire plus vite et plus
Augmentation de la place du travail personnel.
On exige plus d’autonomie
Des méthodes d’organisation et de travail différentes.
Un vocabulaire différent  dû à la formation différente des professeurs des écoles et du collège.

2.4.     Limiter le décrochage scolaire

Voir BEP et décrochage scolaire : Elisabeth BAUTIER, Stéphane BONNERY et al, 2002 Décrochage scolaire : genèse et logique des parcours :
« Le décrochage scolaire a lieu au collège, mais il est presque toujours précédé par des difficultés sévères à l’école. »
« Les élèves décrocheurs à l’école ont de bons souvenirs de l’école primaire (alors même qu’ils étaient pour la plupart en échec. »
A l’école, les élèves sont trop protégés, on évite l’échec. Au collège, il semblerait qu’on l’aggrave. C’est pour cela qu’il est indispensable d’entreprendre une réflexion commune sur les pratiques pédagogiques.

Comprendre pourquoi, alors que le thème est repris chaque année depuis près de 40 ans, l’exhortation à travailler ensemble n’a pas eu plus de succès.


3 Les enjeux dans nos établissements scolaires:

Nos recherches et observations sur le terrain nous amènent à identifier quelques points d'appui:


Afin de construire le cycle 3 et donner envie aux équipes de se rencontrer, il est souhaitable de travailler sur des préoccupations communes. En voici quelques exemples:


Sources: 

-Elisabeth BAUTIER, Stéphane BONNERY et al, 2002 Décrochage scolaire : genèse et logique des parcour




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